Mon subconscient s'exprime. 2

Nous étions en TP dans mon ancien collège. Nous devions chauffer des ampoules avec des serviettes chaudes avant de les remplir en plusieurs fois d'une substance non identifiée. Vers la fin du TP, une jeune prof est venue me voir. Elle souhaitait me parler et me demanda de l'attendre devant sa salle. L'exercice terminé, je m'y rendis. 
Je m'arrêtai un moment devant la porte, puis mon regard fut attiré par la fenêtre de la salle adjacente, dont la porte était ouverte. J'y entrai donc pour regarder le paysage. C'est alors que la prof m'ayant appelée me rejoignit, et me montra une falaise dans laquelle un étrange bâtiment vert pâle était construit. Elle me demanda si je connaissais ce village, à quoi je répondis que non.

Nous voici donc toutes les deux dans le village observé plus tôt, devant le bâtiment vert. Il avait une allure encore plus étrange vu de près. Il paraissait ancien malgré la couleur verte, et le premier étage était circulaire et plus large que le rez-de-chaussée, si bien qu'on se demandait comment il avait résisté au fil des années. De hautes fenêtres rectangulaires parsemaient les façades. Certaines étaient impeccables, d'autres détruites. Le bâtiment semblait totalement vide. Mon accompagnatrice me révéla alors qu'il s'agissait de l'école dans laquelle elle avait étudié jadis. Je regardais un arbre auquel était suspendue une balançoire lorsque celle-ci disparu. Je clignai des yeux, toujours pas de balançoire. Avais-je rêvé ?
<< Il n'y avait pas une... commençai-je. >> Je m'interrompis en voyant le regard amusé de ma prof. Je me retournai vers l'arbre, la balançoire était à nouveau là.
<< C'est bizarre, j'aurais juré que la balançoire avait disparu, dis-je en regardant mon interlocutrice dans les yeux.
- Oui, c'est normal. Des choses disparaissent et réapparaissent souvent ici. Ce lieu est maudit. >>
Maintenant que le malaise était installé, je me rendis compte que malgré son aspect entretenu, le village semblait exempt de toute vie. Pourquoi ces jardinières étaient-elles impeccables alors qu'il n'y avait personne ni pour en profiter, ni pour les entretenir. Jardinières qui disparurent aussitôt. J'eus la fulgurante idée de toucher l'un de ces objets pour vérifier s'il existait ou ne provenait que d'une illusion, mais n'eus pas le temps de joindre le geste à la pensée.
<< Nous ferions mieux de partir, ça semble se rapprocher, expliqua ma prof. >>
La peur s'empara de moi, et nous courûmes en descendant la rue principale, puis nous engouffrâmes dans une ruelle. De part et d'autre, de jolies petites maisons devancées d'un jardin fraîchement tondu étaient toutes identiques. Le village avait changé de configuration, il semblait n'avoir plus entrée ni sortie.

En marchant dans cette ruelle, j'aperçus soudain un homme bouger devant une fenêtre. Il avait l'air réel. Je me précipitais à travers le jardin pour m'approcher de la fenêtre. Il n'était plus dans la pièce. Ma prof derrière moi, je tentai d'ouvrir la porte d'entrée. Comme je m'en doutais, elle n'était pas verrouillée. J'entrai donc, et trouvai l'homme dans la cuisine, agenouillé devant une femme sur le point d'accoucher, tous deux cachés derrière un comptoir.
<< Que faites-vous ici ? demandai-je.
- Ma femme va accoucher, je ne peux pas la laisser.
- Ne pouvez-vous pas la transporter ?
- Surement pas, c'est trop tard maintenant. Il faut faire silence, il se rapproche. Il ne faut pas qu'il nous entende. >>
Silencieuse, sa femme l'était étrangement pour une personne prête à donner la vie, ce qui se rapprochait devait vraiment les paniquer. Je n'osai pas demander de qui ou quoi il s'agissait. L'homme semblait terrorisé et incapable de s'occuper de l'accouchement de sa femme, ma prof s'installa donc près d'elle pour l'aider. Quant à moi, je m'accroupis en face d'eux.
L'homme nous fit signe de nous taire. Nous entendions en effet comme un sifflement. Nous regardâmes en direction de la fenêtre, craignant d'y voir apparaître quelque chose.
<< Si vous vous endormez, vous mourrez, nous avertit notre compagnon en chuchotant. >>
C'est alors que sifflement sembla passer juste devant la porte fermée près de laquelle nous étions. C'était dans la maison. Je ressentis alors une immense fatigue, ma tête était épuisée et voulait sombrer dans le sommeil. Un rapide coup d'oeil m'informa qu'il en était de même pour les autres. La femme enceinte semblait déjà en train de s'endormir, et la regarder me donnait envie de fermer les yeux. Je sentis alors les regards des deux autres posés sur moi. Non ! Quelque chose n'allait pas ! Ce sursaut sembla relancer mon cerveau qui tournait à toute allure. Comment se faisait-il que ces gens soient là tout en sachant que quelque chose les traquait ? Pourquoi être venus se risquer à venir ici, d'autant plus avec une femme enceinte presque à terme ? Comment une femme en train d'accoucher pouvait-elle si silencieuse ? Ils avaient peut-être un lien avec cette chose qui voulait notre, ou peut-être seulement ma mort ?
Et d'ailleurs, pourquoi tout semblait-il dépendre de moi ? Ma prof ne prenait aucune décision alors qu'elle connaissait les lieux. Et pourquoi m'avoir amenée ici ? Cela ressemblait fortement à un piège. Que se passerait-il si je leur posais directement ces questions, ou si je les menaçais ? Après tout peut-être n'étaient-ils que des illusions, je n'avais touché aucun d'entre eux pour m'assurer de leur existence.

Et je me réveillai.


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